Un quai. C’était un quai. Ou plus exactement ça l’avait été par le passé. J’avais du mal à croire que qui que ce soit ce fut risqué en ces lieux après le cataclysme qui avait causé sa désaffection. Quelque chose ou quelqu’un avait joué aux quilles avec les rames et elles gisaient à présent dans un désordre total. Le train ou le métro ressemblait à présent au jouet qu’un enfant négligent aurait brisé par colère ou par ennui. Les wagons étaient entassés pêle-mêle, leurs vitres brisées, leurs carcasses de métal parfois tordues ou véritablement éventrées. L’atmosphère était inquiétante. Pire encore malsaine. Quelque chose, un instinct, une sorte de sixième sens, me prévenait que quelque chose se trouvait à l’affût dans l’ombre de ces ruines. Je hâtais le pas, pressée de sortir de ce pandémonium ferroviaire d’où montait une odeur de charnier. Je pressais le pas, mes chaussures faisant crisser les fragments de verre qui jonchaient le sol et qui luisaient par intermittence lorsque la lumière qui filtrait encore par les carreaux brisés les éclairait. J’étais presque sortie lorsque la créature jaillit de sa cachette dans un bruit assourdissant de métal tordu et torturé.