▽ messages. : 22 ▽ crédit. : By me ▽ age. : 34 ▽ points. : 2 Date d'inscription : 08/02/2013 Localisation : Sur les nuages
Sujet: Syliane 08.02.13 20:49
Syliane
tes écrits.
Spoiler:
Les chevaux du coche allaient presque au pas maintenant la nuit. La nuit enveloppait les environs dans une sombre encre, et même toutes les lanternes du véhicule ne suffisaient plus à percer le noir. Leur lumière jaunâtre et tremblotante ne permettait que de mieux repérer leur emplacement, songea le cocher, et ce n'était pas forcément bon en ces temps obscurs. Il pria rapidement pour que si quelqu'un les voyait, il soit un être bon. Il n'était pas particulièrement croyant pourtant. Mais voilà, avec tout ce qu'on disait en ce moment, ces histoires d'horreurs arrivés à des voyageurs dans les bois, la nuit, bref, il se sentait un peu superstitieux. Il aurait préféré allé au galop, mais la route était trop humide pour se le permettre. L'averse avait frappé toute la soirée et c'était une chance qu'elle ait cessé peu de temps avant leur départ. À l'intérieur du coche, les passagers – ou plutôt les passagères – s'impatientaient. La mère et ses filles avaient bien conscience, au moment de rejoindre le bal, que leur voyage serait mouvementé. Les averses constantes, les routes mal construites, l'obscurité, les animaux sauvages...La campagne réservait beaucoup de mauvaises surprises à ces habitantes de la ville. On leur avait conseillé de ne pas se rendre à ce bal bourgeois, mais pourquoi pas ? Leur père et époux ne s'ennuyait pas, dans ces environs, avec son commerce à étendre, mais elles, que pouvaient-elles faire pour s'occuper ? Ce bal avait semblé comme une bénédiction, d'autant qu'elles ne se faisaient que rarement inviter dans les parages : les gens de la campagne font difficilement confiance aux inconnus. Au début, elles ont été un objet de curiosité, mais cette curiosité n'était pas assez forte pour les inviter aux fêtes. Ainsi ce soir elles avaient passé une soirée délicieuse. Mais elles ne demandaient qu'à rentrer, et la cadence était beaucoup trop lente à leurs yeux. – Monsieur, pourquoi n'avançons-nous pas ? Demanda poliment Louise, la mère. Elle avait élevé la voix pour se faire entendre, et Anne remarqua à la lumière jaune que la peau de sa mère, sur sa gorge, tremblait quand elle parlait fort. Anne remarquait toujours les détails les plus infimes. Elle pouvait retracer à la perfection chaque vis d'un carrosse si on lui laissait le temps de le faire. – Madame, la route est incertaine et humide, nous ne devrions pas aller plus vite que nous le faisons. Anne remarqua un tremblement incertain dans sa voix. Elle ne dit rien. – À ce rythme nous passerons la nuit dans le coche ! S'exclama Katherine. – Elle a raison, continua Louise, allons un petit peu plus vite. Si les roues glissent trop, nous ralentirons. Le cocher accéléra la cadence. Anne posa son visage sur la vitre du véhicule et regarda la forêt qui les entourait. Elle nota un tronc qui s'élevait avant de s'arquer dans un angle improbable, un arbre un peu plus proche dont le tronc ne se refermait pas complètement, si bien qu'il semblait presque fendu en deux, ou plutôt il aurait semblé qu'il avait un bec-de-lièvre. Celui à sa gauche était de la même espèce végétale, mais son bec-de-lièvre était plus grand, si bien qu'un humain aurait pu s'y réfugier si le besoin l'en pressait. Anne remarqua les feuilles ouvertes en forme de patte de poule, et les bourgeons encore fermés. Elle remarqua les rameaux menaçant qui claquaient au vent et compta les oiseaux qui s'y tenaient debout, dont elle ne voyait que l'ombre, et en dénombra six. Non, sept. Huit en comptant l'ombre au loin qui pouvait aussi être un ensemble de feuilles trompeurs. Elle ne le compta pas. – Anne, je suis sûre que ça ne te dérangerait pas de passer la nuit ici, lui dit sa sœur. – C'est vrai. Ça nous donnerait l'impression de faire un voyage. Avant de finir sa phrase, elle nota que les lèvres de sa mère – de plus en plus gercées – commençaient à se pincer, et achevèrent leur grimace peu de temps après la fin de sa parole. Elles reprirent rapidement leur état normal de moue élégante, mais il était trop tard. Anne savait bien que sa mère désapprouvait ses idées étranges et farfelues. Elle savait ce qu'elle pensait : qui diable sur terre pouvait rêver de voyager et de dormir loin de chez soi ? À plus forte raison une jeune fille bourgeoise ! Mais Anne ne se vexa pas. L'habitude la rendait plus forte. Soudain, le véhicule dérapa sur la route humide. – Hola ! Cria le cocher par dessus les cris des femmes. Le coche se stabilisa vite, et s'arrêta. Les chevaux renâclaient, s'agitaient. – C'est pas le moment d'avoir peur, les garçons, grogna le cocher. Dans le coche, les dames s'inquiétaient. – Que se passe-t-il encore ?! Cria Louise, en faisant trembler la peau de sa gorge. – Les bêtes sont effrayées Madame. Nous repartons bientôt ! Katherine marmonna quelque chose en rapport avec une hypothétique crise cardiaque que « ces maudites bêtes » lui auraient causées, et Louise se plaignit que ses animaux devraient être mieux dressés. Mais Anne ne les écoutait pas. Il n'y avait plus aucun oiseau sur les branches. Tous envolés. Elle se concentra pour écouter ce qu'elle pouvait entendre à travers la paroi capitonné de la voiture. Les chevaux hennissaient fort. Le vent remuait les feuilles. Aucun bruit anormal. Mais le cocher, à l'extérieur, s'étonnait bien plus. Il voyait les chevaux regarder de gauche à droite, tirer sur leurs sangles.
– Madame, quelque chose effraie les bêtes. Dois-je aller voir ce que c'est ? Au fond, il espérait qu'elle lui dise non. – Allez-y, mais revenez vite!lui dit-elle, agacée. Cette femme ne s'inquiétait pas une seconde de rester sans la compagnie d'un homme en pleine nuit. Anne n'était pas sûre que sans le fusil « caché » sous sa banquette, elle serait aussi confiante. L'homme descendit à terre et saisit une lanterne de fer noir. Il n'aimait pas l'idée de laisser le carrosse seul en pleine forêt. Il repensa aux histoires de brigands qui volaient les véhicules avec les passagers qu'ils contenaient. – Madame, je ne veux vraiment pas laisser les chevaux sans maître et le coche sans homme. Même une seconde. Louise leva les yeux au ciel. – Si quelque chose avait du arriver, elle serait déjà arrivée ! Ne soyez pas stupide voyons ! Anne soupira face à cette profondeur d'esprit. – Peut-être que la « chose » est en ce moment même en train d'arriver, justement. Les lèvres se pincèrent, mais s'accompagnèrent cette fois ci de mâchoire serrées et de sourcils froncés. – Que proposes-tu alors, Anne ? Attendre que les chevaux se calment seuls ? Les hennissements devenaient hystériques à l'extérieur. – Je vais aller voir ce qui se passe moi-même, dit Anne. Comme ça il y aura toujours un cocher et un homme à bord. – Hors de question mademoiselle, déclara l'homme, car de toute sa famille Anne était la seule qu'il pouvait apprécier. – Alors allez-y vous-même, s'agaça la mère. Et arrêtez de faire des manières ! Anne n'insista pas, le cocher non plus. Mais tous deux pressentaient que les choses tourneraient mal. Par forcément en drame, mais mal. À l'intérieur de la voiture, on entendit des pas s'éloigner. Anne remarqua que sa sœur remuait de plus en plus. Etait-elle inquiète à l'idée qu'elles soient la cible la plus facile et la plus rentable de la forêt ? Non. Elle comprit : elle avait un besoin urgent d'aller aux toilettes. – Katherine, un peu de tenue ! Louise, dans ce genre de moments, devenait vraiment exécrable, elle le savait. – Mère, désolée, c'est que j'ai besoin de me vider la vessie. Katherine semblait si paniquée au moment de faire cette déclaration qu'Anne ne put s'empêcher de sourire. – Vous auriez pu le faire quand nous étions encore à la maison de madame Roger, répondit Louise après un long soupir. – C'est que je n'avais pas encore besoin. – Attendons que monsieur revienne. Soudain, on toqua à leur vitre. Justement, le cocher. Anne ouvrit la fenêtre pour qu'elles puissent mieux l'écouter. – Vous ne deviez pas chercher ce qui inquiétait les chevaux, vous ? L'accueillit Louise avec charme et patience. – C'était plus rapide que prévu. On ne voit rien sous cette nuit noire, c'est pour ça que je n'avais pas compris plus tôt. Après avoir fait vingts pas, je suis tombé sur une rivière qui coupait le chemin. Les averses des derniers jours ont fait monté le niveau des eaux, et elles ont submergé les petits ponts. Un long silence suivit l'annonce de la nouvelle. – Je dois aller aux toilettes Mère, finit par dire Katherine. – Je l'accompagne, profita Anne. Louise ne dit rien, trop occuper à réfléchir à ce qu'elle devait hurler dans cette situation pour se sentir mieux. Bloquées au milieu de la forêt, au milieu de la nuit ! Quelle injustice. Ses filles descendirent du coche rapidement, acquiescèrent quand le cocher leur dit de rester le plus proche possible et s'éloignèrent un peu. – Il faut que je trouve un buisson Anne, un buisson qui me cache. – Ne fais pas ta difficile. Personne ne va te regarder tu sais. – Tu vois un buisson ? Il fait trop noir. – Justement, on ne te verra pas dans le noir . – Dis moi si tu trouves un buisson, je continue de chercher. Elles en trouvèrent finalement un, à côté d'un arbre à bec-de-lièvre. Elles voyaient encore les lanternes du coche, mais ses occupants, eux, ne devaient plus les voir. – Fais vite Katherine, ils vont s'inquiéter. – Je peux pas faire si tu restes ici. Ça me gène. – La condition pour te laisser sortir, c'était qu'on y aille ensemble. – Ils n'en sauront rien. Eloigne-toi ! Anne se déplaça de quelques pas en soupirant. – Tu es encore trop proche ! Anne se déplaça encore et s'adossa à un arbre. Elle profita de la pause pour respirer à pleins poumons. Elle avait tant souffert durant toute la fête ! Les conversations se ressemblaient toutes, le temps ne cessait de s'allonger, elle s'était sentie étrangère à tout. Enfin la soirée devenait intéressante : elle pourrait détailler longtemps les feuilles et les arbres, et si elle avait de la chance, elle pourrait les dessiner le lendemain. Elle se concentra sur les troncs, la façon dont ils s'élevaient au ciel, la façon dont les écorces s'emboîtaient. Elle ne voyait pas les couleurs réelles, malheureusement. – Katherine, tu as finis ? – Non ! Elle sentit de la gêne dans la voix de sa sœur et sourit. Il lui restait encore un peu de temps. Elle regarda le sol, se concentra sur les odeurs révélées par la pluie qui s'était abattue en journée. Les sons aussi : les arbres bruissaient, le vent soufflait, les oiseaux...Elle se souvint qu'il n'y avait plus d'oiseaux. Elle se concentra plus fort. Elle n'en entendait aucun. Elle n'entendait aucun animal en fait. Ils se taisaient tous. On n'entendait que sa sœur faisant son affaire. Sans doute, d'ailleurs, que son odeur était aussi la plus forte. – Katherine, finis vite. Son cœur accéléra. Elle n'était pas rassurée du tout. – Katherine, vite ! Elle pressa le pas pour la rejoindre. Sa sœur s'était relevée et remettait sa robe en place. – Anne, qu'est-ce qui te prend ? J'ai finis c'est bon ! – Je suis pas rassurée, allons vite au coche. – Nous serions déjà morte s'il y avait des bandits, tu le sais...Arrête de t'imaginer des histoires. Elle ne semblait pas pressée de retourner au carrosse. Elle cueillit une feuille et déclara à sa sœur : – J'ai rencontré un garçon au bal, tu sais... Anne entendit un craquement au loin. – Il y a quelque chose dans les bois, je te jure Katherine. Sa sœur soupira. – Je t'en parlerais demain alors. Allons-y, poule mouillée. Le craquement se fit plus fort, et surtout, plus proche. Katherine sursauta. – Tu as entendu ?! – Oui. Elle se firent le plus silencieuse possible, la peur les paralysait. Un loup ? Un brigand ? Le silence s'étendit, et plus rien ne se passa. Aucun froissement de feuille. Le respiration était lourde et faible à la fois. – Il n'y a rien, chuchota Anne.
Louise tapait des doigts sur son coude, impatientée. Déjà qu'elle devait passer la nuit ici, il fallait en plus que ses filles la laissent seule. Elles prenaient leur temps. Le cocher s'inquiétait. Il n'aimait pas le silence. Il réfléchissait encore à l'endroit où ils pourraient se poser cette nuit, où il pourrait attacher les chevaux sans crainte. Mais en voyant les animaux trembler, il ne savait pas s'ils pourraient vraiment quitter les lieux. Et les filles qui prenaient leur temps... Soudain, le cheval dont il caressait l'encolure se redressa, tous les autres animaux firent de même, et ils dressèrent tous haut leurs oreilles. Et en une fraction de seconde, ils tirèrent tous sur leurs brides pour se détacher. Certains ruaient. Immédiatement, il prit son fouet et tenta de les calmer. – Du calme ! Hurlait-il, du calme ! – Que se passe-t-il encore ?! S'exclama Louise, l'idée en tête de virer ce bon à rien dès le lendemin. – Je n'en sais rien madame, ils sont vraiment très agités ! Et soudain, ils se calmèrent. Un calme immédiat, jamais il ne vu de chevaux aussi silencieux. Ils rentraient même leur tête entre leurs épaules. La peur les parcouraient toujours, mais la tempête semblait passée. – C'est finit madame. Il se retourna pour voir sa maîtresse et, peut-être, si elle daignait l'écouter, la rassurer. Alors il vit Anne. Les yeux hagards, un pied nu, la robe boueuse. La peur au visage. Il accourut : – Anne, seigneur, que s'est-il passé ?! Où est ta sœur ?! Louise sortit immédiatement du coche, enfin réellement inquiète. – Où est Katherine, Anne ?! Les larmes coulèrent sur le visage de la jeune fille. Elle bredouilla, désespérée : – Je crois...Je crois qu'elle est morte. Ils ne purent avoir plus de détails : elle s'effondra, évanouie. Un bruit sourd derrière l'homme lui indiqua que sa maîtresse s'était évanouie aussi. La nuit passera beaucoup plus facilement pour elle. Le cocher alla chercher le fusil, rentra les dames sous le toît du coche, et s'assit les larmes aux yeux à l'extérieur. Il n'y avait jamais eu de loup dans les parages. C'était une toute autre sorte de loup qui attaquait la région. Pour lui, la nuit allait être très, très longue.
parce que nous on veut en savoir plus...
pour finir.
Dernière édition par Syliane le 09.02.13 17:57, édité 1 fois
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Sujet: Re: Syliane 09.02.13 15:59
Merci =)
Invité
Sujet: Re: Syliane 09.02.13 20:13
Si tu ne souhaites pas poster d'écrits pour le moment, tu serais parfaite dans le groupe des Lecteurs assidus. Cependant, si à un moment ou à un autre tu te sens prête à nous faire partager ton monde, n'hésite surtout pas à demander à Crystal Ali'J un changement de groupe
Bien sûr, je n'oublie pas de te souhaiter la bienvenue sur le forum =)
Il me semble que le groupe des écrivains te conviendrait mieux étant donné que tu as posté un écrit sur ta présentation. Tiens moi au courant. Je n'attend plus que tu mettes un avatar pour pouvoir te valider.
Syliane
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