« Ce soir tout était différent. Je suis rentrée chez moi, fatiguée de la journée. Je n'avais qu'une idée en tête, glisser mes pieds dans mes pantoufles et tomber dans mon lit. Pourtant la porte se mit à sonner. Je ne savais pas qui c'était, il n'y avait que la lumière du lampadaire qui nous éclairait vu que ma propre lumière était inexistante. Mais après quelques instants, la personne qui avait osé sonner, me tendit un papier. Il s'agissait d'un questionnaire. Un questionnaire sur le voisinage plus précisément. La personne paraissait agacée, je suis obligée de cocher toutes les réponses pour pouvoir aller me coucher, je crois bien. Dure fatalité du lundi soir...»

"Plus rien n'est comme avant, aujourd'hui marque le début d'une nouvelle ère. Hier, mon père est mort, assassiné par balles. Les policiers et détectives défilaient à la maison et j'avais cette impression de tournis qui me donnait la nausée. Des vertiges. Je n'avais ensuite pas dormi de la nuit me remémorant la scène inlassablement. J'en voulais à la terre entière et pourtant, je ne parvenais pas à verser une seule larme. J'étais juste amorphe et pensive, n'entendant personne autour de moi, même pas la mouche qui voletait autour de moi depuis le début de ma nuit. Mon réveil retentit, je descendis à pas de loup pour aller ramasser le journal sur le seuil de la porte, celui qu'on nous distribuait tous les matins. Mon but ? Voir si l'affaire faisait les gros titres de ce maudit papier !"

cadavre, pamplemousse, chimie et chien. (:

le cadavre gisait là, dans l'ancien laboratoire de chimie du lycée Pasteur, et déjà la police avait tracé un périmètre de sécurité autour de l'enceinte des vieux bâtiments parisiens qui, quelques heures plus tôt, avaient encore accueilli des centaines d'adolescents préparant leur diplôme. c'était la fin de l'année, les élèves révisaient leurs examens tandis que leurs parents dégustaient déjà leurs premiers rosés pamplemousse sur la terrasse en guise d'apéritif : l'été arrivait à grands pas. Mais ce soir, il y avait une ombre sur le tableau. Les chiens policiers reniflaient les moindres recoins des salles de classe en quête d'indices, et bientôt la vérité concernant le corps retrouvé du professeur Flipus allait éclater.


manque, armoire, déodorant, café.

C'est d'un pas déterminé qu'il franchissait la porte de la salle de repos pour enfin prendre son café sirupeux de la pause de quinze heures. Essoufflé. Il n'en pouvait plus. Il avait besoin de sa dose de caféine pour faire comprendre à son corps qu'il devait rester éveillé. Il se dirigea intentionnellement vers la grande armoire qui se cachait au fond de la pièce depuis des décennies. Il ouvrit les portes calmement comme pour en prendre soin. L'odeur qui en émanait lui rappelait le vieux déodorant de sa mère. Il insuffla l'odeur qui lui rappelait ce manque maternel. Il continua, accompagné d'un léger rictus, en faisant grincer un automatisme inconnu. Derrière le bois et l'obscurité qui y régnait il semblait accorder chacun de ses gestes. Lorsque soudain le son du vieux phonographe que l'on avait dissimulé atteignait ses oreilles. Ses paupières se plissèrent tendrement pour lui rappeler le berceau de son enfance et oublier sa journée le lourd labeur.