Bohemia
▽ messages. : 38▽ crédit. : Bohemia▽ points. : 4Date d'inscription : 29/08/2012
Sujet: « j'ai troqué mon malaise contre quelques mots. » 30.08.12 0:08 on tumblr paper gangsta. pseudo, prénom ▽ maria, paper g. age ▽ 19 ans localisation ▽ Marseille. groupe désiré ▽ professeur ou critique tes écrits. DERNIER RP: Cela ne me ressemble pas, je sais. J'essaie pourtant de me rassurer en me disant que ce n'est pas moi qui déambule sur ce pont, trop propre, trop neuf pour ressembler à mon camp. Mon pas m'amène malgré moi sur ce territoire que je m'interdis à nommer ennemi. Est-ce parce que je me refuse à l'idée de laisser s'envoler cette jeune femme frêle, à l'allure trop douce, au nom qui ne veut désormais plus rien dire ? Que je nie qu'elle ait disparu derrière ses ailes de craie un matin où je disais adieu au paradis. Elle s'en est allée, elle ne reviendra pas et je le sais. Dans les plus profondes cavités de mon être, une autre s'est imprégnée. Elle a tout annexé. Ma douceur, ma sagesse, ma raison. Elle est furieuse, terrible, insatiable des horreurs qu'elle s'est plu à faire subir sous le nom d'un paradis qui n'existe plus à présent. Eden. M'avait-on accordé ce doux nom à tort ? Tant de fausses notes, de mauvais accords, d'échecs et de vains postulats ont ponctué mon existence d'immortelle. Et je sais bien qu'il est inutile d'espérer, de supplier, de s'accrocher dérisoirement à cet être chétif que je ne suis plus. Hélas. La raison n'a plus sa place dans ce corps asthénique que je traîne sur ce pont. Je m'accroche à elle. Encore un peu de douceur, de fragilité. Je ne peux me résoudre à la laisser s'enfuir, j'ai besoin d'elle. La nouvelle Eden me terrifie, elle est odieuse. Elle s'est emparé de moi, m'a imbibé de ses vices. Elle s'est ancrée à l'intérieur, faisant couler son venin amer, me recouvrant de cette malédiction que portaient les habitants de Dis. Elle me terrorise, j'ai peur que bientôt elle ne réduise en cendres tout ce que j'ai bâti dans ce monde trop imparfait. Antigone, Ouikka. Elle excelle, elle s'épanouie dans le mal aussi facilement que je façonne la terre. Je la regarde se montrer atroce, parfois tuer, souvent faire subir l'agonie. Je me refuse à croire que je suis elle et qu'elle est moi. Je ne suis plus que l'ombre de moi-même. Je me refuse à laisser partir l'Ange, sans cette illusion l'autre prendrait dessus. Elle se montrerait cruelle sous sa forme la plus parfaite, et je ne veux pas que ça arrive. Eden vit encore, faible, adynamique, mais elle vit, je la sens en moi. Même si elle n'est qu'un leurre, un mirage que la folie m'invite à rêver. Je vis à travers cet ange déchu. Inconsciemment peut être, je suis avide de cette sensation. De cet air pur qui s'engouffre dans les poumons et vous laisse supposer le temps d'une expiration que vous êtes vertueux. La brise angélique me fait défaut depuis onze longues années, et l'oxygène vient à me manquer à présent. Le Paradis m'a bafoué, les cieux me ferment les yeux. Aussi, le pas à la fois léger et craintif, je m'aventure dans ce territoire angélique, à sa recherche. A la recherche d'un passé, d'une vie, de souvenirs. Scrutant l'air, inspirant de grandes bouffées comme si elles se révéleraient salvatrices. Comme si l’Éternelle était un remède qui avait échoué sur moi. Un traitement auquel ma silhouette famélique refusait de répondre. Mais je le scrute davantage, je n'ai pas peur d'essayer. Elle est ma seule échappatoire, la seule idée que j'ai trouvé pour fuir mes propres maléfices. Où est-elle ? Elle me parait si lointaine, à des kilomètres de moi. Les souvenirs de l'ancienne ange de la communication sont toujours là cependant. Mais elle, elle a bel et bien disparu. Mes poumons se vident, je me penche vers le vide. Il ne fait pas jour, il ne fait pas nuit, il fait froid. Ce ciel capricieux ne ressemble à rien, il n'est ni bleu, ni noir, il n'a pas de couleur. C'est une heure tardive du soir, j'imagine. Une heure où on ne se promène pas sur un pont, seule. C'est toutefois l'heure idéale pour partir à la chasse de ses fantômes du passé. Pour s'avouer l'inavouable et se pardonner les blasphèmes les plus terribles. Ai-je besoin de dire que je le sens ? Penchée vers l'océan, fébrilement accrochée à ce muret de béton, je sens sa présence. Elle embaume la brise fraîche du soir, la transforme, la rend plus douce, plus accueillante. Il est là et je n'ose me retourner. Son aura est exquise, elle est de toutes, celle qui m'aura apporté le plus de sérénité. Celle qui aura su mieux que personne panser mes blessures et atténuer mes craintes. Je n'ai pas le courage de lui faire face. Le regarder, affronter son regard troublant, pas maintenant. Je me suis trop éloignée de lui pour prétendre à un face à face. Mes paupières s'épanouissent, des veines grossissent autour de mes pupilles et je fixe obstinément l'étendue de bleu dont les vagues s'échouent avec fracas contre les poutres. Je ne veux pas braver son regard, je n'en suis pas capable. Je sais déjà combien je l'ai déçu, combien je n'ai pas ma place sur ce pont. Combien il me déteste, lui qui était tout et ce depuis le début. Celui que j'aurais aisément pu nommer "commencement". Il est près de moi désormais, je le sens. Il n'a pas besoin de s'annoncer et le sait, qui mieux que moi pourrait reconnaître sa présence ? Notre histoire est vieille, elle remonte à une vingtaine de milliers d'années. Je peinerais trop à la raconter. Est-ce insolent de ma part de dire qu'il m'a manqué ? J'ai été si lâche. Onze années me séparent du péché suprême, mais celle qui me séparent de lui sont bien plus nombreuses. Il aurait du être mon Archange, il aurait du être mon maître. Il l'était, à bien des égards. J'ai porté le deuil de notre séparation lorsque j'ai revêtu les couleurs de la communication. J'ai dis au revoir à Raphael. Je ne sais pas en réalité, si cette rancœur est récente ou si elle trouve sa source des siècles auparavant. Jamais osé le lui demander. Jamais eu l'occasion. Il a disparu derrière ses dragons, derrière sa force et son caractère à vif. Alors j'ai cessé de penser à cet archange qui m'avait initié à l'immortalité. Il est entré dans mon existence et en est sorti aussitôt. Le blâme doit-il se mélanger aux affaires hiérarchiques ? Je me suis retournée. J'ai eu raison de ces larmes chaudes qui patientaient sous mes paupières, elles ne délogeront pas. Je les en conjure. J'ai besoin de force pour affronter son regard désappointé. Pour faire face à ses injures, son mépris et sa hargne. Le vert de mes iris se hisse jusqu'à l'océan féroce des siens, il est impassible. Il m'effraie, j'aimerais d'autant plus qu'il me couvre d'insultes. Son regard d'acier me terrorise, je mérite d'être châtiée. Il est celui que, par dessus tout, j'ai le plus déçu et je le sais. J'ai souillé le doux prénom qu'il m'a octroyé. J'ai fait de l'Eden un nom maudit, un terme défendu. Je ne peux m'en excuser néanmoins. Je suis une traître, mais pas une lâche. J'assumerai mes erreurs, et mes yeux ne trembleront pas face aux siens, j'en fais le serment. ------------------------------------------------------ C'est une erreur et je le sais. Je n'aurais pas du. Je ne devrais pas me trouver ici, j'en suis consciente. Prétendre être quelqu'un d'autre, nier l'atrocité de ma nature, l'abomination de mon rang. Me voiler la face. Ce pont m'est hostile, son vent glacial lacère mes joues et bat ma chevelure avec hargne. Tout m'est étranger, je ne suis chez moi nul part. Je ne sais pas où est ma place ni où j'appartiens. Foyer. Ce mot referme-t-il un sens ? Pas pour moi, en tout cas. Je fais désormais partie de ces créatures répudiées par le ciel comme par la terre, mon existence même est un sacrilège. La quiétude et la vertu sont des notions qui me sont aujourd'hui complètement étrangères. Jamais plus je ne connaîtrais la paix, je m'en suis faite une raison. J'ai renoncé à l'entreprise du pardon. J'ai fait une croix sur le terme pureté en même temps que sur celui d'innocence. Je suis pas une innocente. Je le sais. Je ne me plains pas de mon sort, j'ai accepté mon tragique destin et sourit à la fatalité. Je ne désire blâmer personne sauf la trop grande imperfection de ce monde. Il est hideux et n'a aucune saveur. Fade, monotone. Peut-être aurais-je trouvé la paix dans la mort ordinaire. Mais l'on m'a arraché à la douceur du trépas pour créer cet être infâme qui répond au suave nom d'Eden. Et il est trop tard. Trop tard pour y penser, trop tard pour regretter, pleurer, déplorer ma condition. Même si elle manque. Même si j'ai refusé d'abandonner l'idée de la retrouver. Me lier à elle, encore un peu. L'implorer de revenir, d'équilibrer cette balance qui flanche aujourd'hui de trop. J'ai peur de devenir celle qu'ils disent que je suis, là-haut. Je dois la reconquérir, même si pour ce, je dois affronter mes propres démons. Il me regarde, froid. Le contact visuel qui s'est installé a quelque chose de glacial. Je sens que mes pupilles tremblent sous l'émotion. Un amalgame de peine, d'angoisse et de honte se peint sur mon visage. Il est là. Après tant d'années, de siècles et de paroles étouffées, il se trouve devant moi. Contre toute attente, je m'en réjouis. Je n'ai pas le droit, j'ai tort et je le sais. Cette émotion qui fait scintiller mon regard est un délit. Tout nous sépare. Le monde, la hiérarchie, les camps. Cela fait plus de vingt-mille ans que je ne l'ai pas vu, et même s'il se tient juste devant moi, je ne me suis jamais sentie autant éloignée de lui. « Que fais-tu ici ? » . Peut-être devrais-je du fuir. Fuir son flot de paroles méprisant, fuir cette illusion absurde, fuir la vérité. Mais je ne peux regagner le paradis comme je ne peux taire cette envie de me trouver près de lui. De baigner dans son aura chaleureuse, même si l'expression de son visage extermine jusqu'au moindre soupçon de sérénité. Je m'en fiche. Il est quelque part celui que je suis venue chercher sur ce pont obscur. Sans le vouloir, sans l'appeler. Il traîne avec lui des souvenirs que je ne possède plus. Des milliers de photographies usées, que le temps a fructueusement effacé de mon esprit. Cette fille du jardin d'Eden vit encore dans son esprit, et je ne peux me résoudre à la laisser filer. « Je sais que ma présence t'offense, je ne pensais pas te rencontrer. Il y a si longtemps... » Je n'ai pas osé continuer. Ma voix s'est cassé, refusant elle-même de donner à l'Archange l'occasion de me battre. Ce face à face s'avère plus douloureux que je ne le pensais; la lueur d'assurance dans mes yeux s'est éteinte. Le passé a bordé une histoire des plus étranges entre nous, qu'était-il ? Un père, un frère, un compagnon ? J'avais jadis, retrouvé en sa personne tout ce que j'avais chéri sur terre. Je ne saurais décrire à présent ce qui me lie à lui. Rien, sans doute. Plus rien ne nous unit, pas même cette ville qui nous sépare une fois de plus. Éternellement. Je serais séparée de lui pour toujours. Pourtant. Je le regarde avec insistance. Des années ont passé et la petite fille guerrière de Mésopotamie n'est plus. Elle a changé, grandi. Elle peut désormais se rendre compte à quel point la férocité du regard de celui qu'elle voyait comme un frère, est ravageuse. J'ai du mal à admettre qu'il est séduisant. Très. Que son charisme et la hargne qu'il a envers moi, le rend d'autant plus attirant. Il a des millénaires d'avance sur moi et je reste cette petite fille qui l'admire en secret. Même si, ce soir rien ne saura me faire plier. « Je te conseille de coopérer. Vu qu'on est tranquilles ici et que tu n'as aucun moyen pour t'enfuir, tu vas parler.» Un léger sourire se dessine au creux de mes lèvres, je ferme les yeux et baisse le visage vers le sol. Ce n'est pas sarcastique, ni hypocrite, c'est un réel sourire amical qui creuse mes joues. Je n'ai pas l'intention de m'enfuir. Pour rien au monde je ne m'éloignerais de lui à ce moment précis. Il est un souvenir d'Eden en lui même. Sa présence me la rappelle par de vagues bribes d'images. Il est trop précieux. Et quoi qu'il en soit, je me dois de lui parler. Il est celui qui, par dessus-tout mérite des explications. Je ne sais pas me justifier, je n'ai jamais su le faire. Lorsque Antigone m'a demandé pourquoi, je n'ai pas su répondre. Raphael est intransigeant, il ne veut rien entendre, je le connais. J'abandonne d'ores et déjà l'illusion de son pardon. Je ne serais pardonnée par personne, quoi qu'il en soit. Pas même par moi. J'ai fauté et je suis prête à recevoir mon châtiment. Je ne veux pas vivre dans une douce torpeur, une chimère hypocrite. Me remémorer le passé demeure un pêché, toutefois, je ne peux m'empêcher de partir à sa recherche. Mon regard rencontre enfin le sien, baigné de quelque chose qui ressemble à du courage, de l'aplomb. Je rejette soigneusement ma peine et ma tristesse dans un tiroir de mon esprit. Un sourire franc, en l'honneur du passé. Je me mets alors à flâner sur ce pont, l'invitant à me suivre : « Parfois, je me demandais ce que tu faisais, où tu étais. Si tu avais des disciples, si tu avais pris des anges sous ton aile.» De l'amusement s'accroche à ce sourire, au fur et à me sure que je me souviens. Sensation agréable. Je sais les questions que bientôt, il va me poser. Je n'ai pas envie de lui répondre. J'ai envie de profiter de sa présence. Pour me retrouver, me souvenir, sentir Eden un peu exister à travers lui. Mon regard se perd sur l'horizon, silence. « J'étais encore là-haut, à l'époque. Je ne m'étais pas habituée à ton absence. Puis au fil du temps, j'ai du me faire une raison. » Des mots qu'il ne sait pas, des mots qui me font du bien. Notre dernière rencontre remonte à bien avant ma chute, alors que je rejoignais les troupes de Sariel. Il avait disparu ensuite, trop occupé. Il n'avait plus eu de temps pour moi, je ne le blâme pas. Je me souviens, c'est tout. La balade sur ce pont est agréable et je sais qu'elle ne va pas durer.
pour finir. comment as-tu fait pour atterrir ici ? ▽ bazzart. pourquoi t'es-tu inscrit(e) sur le forum & qu'en pense-tu ? ▽ écrire c'est ma vie. je me dois d'être ici decris nous ton rapport, & ce que tu pense, de l'écriture ▽ aw, et bien j'écris depuis très jeune. Au début c'était juste des trucs sans importance, pour me défouler, dire quelque chose. Et puis c'est devenu obsessionnel. Si j'écris pas pendant une certaine période, je sens qu'il me manque quelque chose. Je saurais pas l'expliquer, mais l'écriture occupe une grande place dans ma vie. ton auteur favori ▽ vous êtes trop injuste de me demander ça. J'hésite en Sartre, Hugo et Stendhal. Choisir entre eux serait un blasphème, faites le pour moi le dernier livre que tu as lu ▽ Le premier amour est toujours le dernier , Tahar Ben Jelloun.