C'était bizarre. Un petit frisson parcouru l'échine quand elle se souvint, enfin. Ses barrières avaient alors commencé à céder une par une. Sa tête commença doucement à se vider, comme si une nouvelle catastrophique allait être annoncée. La pluie avait beau tomber, elle le sentait à peine. Quand elle vit les doigts fins de son ami, effleurés les pages nacrés de ce carnet, elle se sentait comme violer de l’intérieur. Une pensée amère la traversa quand elle vit les orbes verdâtres examinées les lignes juvéniles. […] L’ami planta ses yeux dans le brun de son regard. « Je ne te savais pas très carnet. » « C’est rien, c’est rien. Je l’avais presque oubliée. »
SOUVENIRS. – De Scar à Nemo.
ORIGINS.
Elle n’avait chantée qu’une simple chanson. Une seule et unique chanson. La chanteuse guida son regard vers la foule de curieux, la foule déjà conquise. Sa voix grave, presque sensuelle, faisait pleurer sa mère autrefois. Elle prit une gorgée d’eau avant de remercier le public, et de quitter la scène sous les sifflets et applaudissements. La salle était toujours chaude, encore demandeuse, pas encore remis des émotions que leur avait offert la belle. Il ne fallut que dix minutes avant que le public quitte la grande salle. Les lumières commencèrent à s’éteindre, définitivement. Quelques soupirs – de soulagement – s’échappèrent de la bouche de la jeune chanteuse. Pendant plus de deux heures, elle avait eu cette impression d’être entré en communion avec son public, ne faisant plus qu’un. Elle en tremblait encore. Arrivée à sa loge, elle fût prise au dépourvue du « Surprise ! » qu’elle entendit en y pénétrant. Sa meilleure amie suivi du presque-fiancé de celle-ci, qu’elle ne connaissait à peine. Elle ne fût cependant pas surprise par l’étreinte chaleureuse que lui prodigua son amie. Elle ferma les yeux, savourant le moment, n’entendant pas les compliments qui l’accompagnait.
« Scar, mon cœur ! Tu as été magnifique ! » June l’avait presque hurlée sous l’effet de l’émotion. Le fiancé – Rain – lui ne lui lança qu’un
« Bravo, Scar. », suivi d’un petit sourire en coin, qui était si chère à June. La chanteuse n’avait pas ordonnée à ses amis et connaissances de l’appeler Scar, non. Elle aimait bien Scarlett, mais tout le monde sembler s’être fait passer le mot pour. Scar, en fait, ça lui évoquait surtout le méchant du Roi Lion, qu’elle aimait bien pourtant. Scarlett finit par sourire, puis suivit ses deux camarades vers la sortie, bras dessus-bras dessous.
« Chérie, tu m’excuses si je raccroche ? On a toqué. » Après un dernier salut, Scarlett raccrocha et se dirigea vers la porte d’entrée. Celle-ci n’attendait pourtant personne, et elle fût gêner quand elle vit que cette personne était Rain, et qu’elle était toujours en pyjama. Elle ouvrit donc, et s’excusa presque instantanément pour sa tenue.
« June m’envoie parce qu’elle a oublié une partie de ses affaires. » L’information traversa rapidement son cerveau. Soirée. Gueule de bois. Partie. Flacon de parfum. Soutif. Elle esquiva d’un simple « attend » avant de partir à la recherche de ces affaires. Il ne fallut que dix minutes pour qu’elle les retrouve. Elle tendit donc les affaires de sa fiancée à Rain, avant de lui proposer quelque chose à boire.
« Du whisky, j’ai quelque chose à te dire. » « Un truc difficile ? » « Ouais. … Juste un verre pour ne pas être définitivement saoul si ça t’inquiète. » Pas inquiète pour un sou, elle lui tendit le verre et le fit asseoir sur un des divans pour le mettre en situation. Après une bonne minute de silence, elle finit par parler.
« C’est à propos de June ? Elle a un problème ? Tu l’aimes plus ? » « Non. » Rain inspira profondément avant de boire entièrement le verre, histoire d’avoir plus de courage, songea-t-elle. Elle sentit alors ses doigts froids se posaient sur sa nuque, la faisant basculer vers le garçon. Un baiser fût échanger, une simple pression, rien de concret. Pour Scarlett, c’était le ciel qui lui tombait sur la tête, ou un mauvais rêve. Après tout, on pouvait toujours rêver, n’est ce pas.
« Mon problème est que je suis fou de toi. » Scarlett en avait pleurée. Parce qu’elle aussi elle le voulait, elle aussi, elle l’aimait comme June. Rain avait alors arrêté son ronde de baisers, laissant quelques traces au passage, sur ses lèvres, sur ses joues, sur son cou. Il fixa intensément la meilleure amie de sa fiancée, celle-ci plongée dans d’obscures pensées. Elle connaissait ce genre de situation. Elle en avait entendue parler auprès de ses amis, grâce à quelques ragots. Elle l’avait vue aussi, dans plusieurs téléfilms. Prenant ainsi l’amante pour une simple trainée. Au final, elle avait fini ainsi. Car Scarlett détestait se voiler la face ; c’était pourtant clair comme de l’eau de roche. Elle ne l’avait pas arrêtée, tout se traduisait. Scarlett était devenue alors froide comme la glace, ses yeux étaient devenus vides quand elle sentit deux mains se poser sur chacun de ses seins. Elle ferma les yeux, profitant de l’instant présent. Aujourd’hui, elle avait perdu sa meilleure amie. Aujourd’hui, elle est tombée amoureuse d’un Rain seulement attiré par son corps. Aujourd’hui, elle avait tout perdu.
Le corps de June se secoua de spasmes. Son cœur battait très fort. Très. Trop, peut-être ? Elle le sentait aller et venir, elle le sentait sortir. Fébrile, elle supportait le corps chaud qui l’empressait tendrement. Qui l’empêchait de partir. Elle pleura alors. De tout son soûl. Comme jamais elle ne l’avait fait. Rain chuchota des petits mots de réconforts. Après tout, il était trop tôt pour divorcer après seulement un mois de mariage. Au fond de la pièce, Scarlett cacha son visage, peut soucieuse de sa demi-nudité. Elle murmurait le nom de June à qui voulait l’entendre. Ses longs bras entourèrent sa poitrine, ses spasmes diminuant progressivement. Le bourreau finit par partir, laissant les deux filles, les deux anciennes amies face à face.
« Tu sais, ce n’était que purement sexuel entre lui et moi. » « Te fous pas de ma gueule. Il ne m’a jamais regardé comme ça, lui. » « Je. J- » « Il t’aimait plus que moi, cet imbécile. »Elles s’étreignirent une dernière fois, une seule et unique. Avant que June ne disparaisse, en compagnie du bourreau. Scarlett se permit de réfléchir, avant de se laisser tomber sur le lit.
« Maman ! Ca a bougé dans ton ventre ! » « Oh ? Vraiment ? » « Oui oui oui ! » L’insolente fillette se mis alors à tourbillonner dans la pièce, scandant qu’elle avait senti le bébé dans le ventre de sa mère.
« Doucement Lexa, tu vas réveiller les voisins sinon. » La petite Alexa, surnommé Lexa, hocha automatiquement la tête, très sérieuse. Ses tresses blondes se mirent à virevolter dans la pièce, alors qu’elle scandait les mêmes paroles à voix basse, sous les yeux attendris de sa mère. Elle s’arrêta subitement, puis fixa sa mère sérieusement.
« Maman. ‘Faut qu’on trouve un prénom à ma petite sœur. » « Bien-sûr mon cœur, tu veux l’appeler comment ta petite sœur ? » « Lexa ! » « Très drôle chérie, on ne peut pas l’appeler comme toi. » Elle soupira tristement, avant de chercher autre chose.
« Mon cœur, je te propose des noms et tu me dis si tu aimes ou pas, d’accord ? » « Oui ! » « … Roxanne ? » « Nan, c’est méchant. » « Alors Artémis ? » « J’aime pas Témis comme surnom. » [color=coral] « D’accord… Véra ? »
« C’est moche maman ! » Scarlett ne put s’empêcher de rire avant de continuer.
« Sinon Mnemosyne ? » « … mhh. C’est long mais ça fait Nemo comme surnom, comme le poisson de Disney ! » L’échange fût houleux, assez vif, mais la petite Lexa fût au final très contente. Trois mois plus tard, elle avait Nemo dans ses bras, et du haut de ses six ans, elle se disait prête pour être une très bonne grande sœur. Parce que sa mère n’avait quelle, et qu’elle pourrait toujours compter sur elle.
Mnemosyne guetta la moindre présence dans l’appartement. Une fois la chose faite, et l’absence totale d’oreilles indiscrètes, la brune rentra dans la salle de bain, et plongea dans l’eau froide, préalablement remplie dans la baignoire. Le fait de l’absence de cadenas dans sa salle de bain compliqué les choses. Une fois plongée, elle respira un bon coup avant de saisir un mince couteau de cuisine, déposé sur le bord de la baignoire pour l’occasion, et transperça de façon peu profonde son poignée. Après la douleur, une étrange extase l’envahit. Elle était un peu comme une accro à l’exta’, au lsd. Accro à la nicotine, comme accro aux baisers. Accro au sexe, comme accro au chocolat. Elle était une accro. A la douleur. De nombreux gémissement se firent entendre, et résonnèrent dans la salle de bain. Elle prit à terme quand elle entendit subitement la porte s’ouvrir, le regard horrifié de sa Lexa d’amour, avant de s’enfoncer dans l’eau, devenant étrangement faible. Elle entendit des cris, et des pas irréguliers, pressés, tandis qu’on la ramenait en dehors de l’eau glacée. On finit par la dire folle, on disait qu’elle voulait se suicider, mais ce n’est quand voyant un psychiatre pour la première fois de sa vie qu’elle avoua.
« J’aime la douleur, j’aime me faire mal. Mais ne vous inquiétez pas, ça n’arrive que rarement. Uniquement, quand je m’ennuie ou quand je me sens fade. Je ne veux pas me suicider, j’aime suffisamment ma vie pour y mettre un terme. » Mnémosyne avait repris des couleurs, et on ordonna aux deux femmes de sa vie de la surveiller. Nemo soupira, et pris les deux femmes à part.
« Si vous le voulez, je vous avertis quand j’ai envie de me faire mal. » Et elle ne mentait pas, non. Elle n’était pas une accro ordinaire, une accro qui se satisfaisait en cachette, qui se détruisait de l’intérieur, non. Et puis un jour, sa sœur l’a pris à part.
« Nemo. J’pense que le sexe pourrait refouler tes envies pseudo-suicidaires. » Enfin, elle frappa sa sœur, agacée de voir qu’on la prenne pour une pauvre suicidaire, mais pourtant, elle avait raison. Mais ce n’est pas facile de trouver quelqu’un avec qui on pourrait pieuter quand on vie seule.
Instant présent. Mnemosyne du haut de ses vingt-quatre ans, quittant enfin son boulot de croque-mitaine pour un métier plus sain.
« Eh, Vaness’ ! Ton copain te trompe avec ta sœur ! » Elle ressemblait à une vraie peste, hein, Nemo. Enfin, elle aimait bien voir ses poules volées depuis qu’elle est arrivée à Fairford. C’était tellement amusant, tout était bon pour déclencher une petite broutille, m’enfin. On ne pouvait rien faire d’autres sinon. Les amis, les amours, les ennemis, les connaissances. Une réalité, une illusion, qu’en savait-on. Mais Mnemosyne, elle, elle regarde l’instant présent, ne se souciant peu de l’avant ou de l’après.
La scène est fixée, l’histoire peut commencer.